L’Osorno ou les Portes de la Patagonie

Après la pluie et le vent de Chiloé, nous partons pour le sud de la région des lacs, au pied du volcan Osorno et aux portes de la Patagonie chilienne.

Lorsque nous arrivons, le temps, bien que clément est encore couvert et nous découvrons la petite ville de Cochamo et le fjord de Reloncavi sous les nuages, après une route interminable et une piste tout aussi interminable. L’impression d’être au bout du monde alors qu’on est qu’au début de la Patagonie…

L’endroit est sauvage et puissant. Des montagnes aux sommets enneigés plongent dans les eaux noires du fjords.

La neige recouvre les sommets environnants et parfois des paysages grandioses apparaissent pour disparaître presque aussi vite, ensevelis par les nuages.

On sent clairement qu’on est rentré en Patagonie, cette terre de l’extrême.

En pleine été, sous un ciel plus clément, cela doit être somptueux.

Ensuite, pendant deux jours, nous partons en randonnée à la découverte du volcan Osorno et des alentours.

Le volcan Osorno, 2656 m de force et de perfection.

D’un côté, il regarde le lac de Llanquihue (et non y a pas de faute de frappe) et est orienté clairement région des lacs : plaine, volcans et lacs sont de mise.

Le voclan calbuco, si beau, si dangereux!

De l’autre, il regarde le lac de Todos Santos et la Patagonie et là, c’est grandes montagnes, glaciers et fjords.

Les Andes au-delà du lac de Todos Santos

Nous parcourons notamment le sentier de la désolation, qui porte bien son nom, puisque nous suivons les coulées de lave du volcan. Les différentes éruptions volcaniques ont modelé un paysage tout en ravins, canyons, vallons et autres cratères.

Mais depuis plusieurs jours, je scrute le ciel espérant LE voir. Des années que j’ai attendu et je me dis, « c’est maintenant où jamais ». Peut-être la dernière chance de le voir.

Levant les yeux et alerté par Olivier, je le vois majestueux, magnifique, éblouissant. Un grand condor des Andes mâle vole au-dessus de nos têtes.

Je retiens ma respiration. L’émotion est très forte. Il passe, puis repasse. Je suis hypnotisé par la perfection de son vol. Vingt minutes au-dessus de nos têtes, pas un seul battement d’ailes. Que cela a l’air facile! Qu’il est gracieux alors qu’il est l’un des plus gros oiseaux volants du monde. Je ne peux pas ne pas repenser aux Cités d’Or que je regardais enfant et qui avaient alors fait germer en moi l’envie de ce voyage. Pour une raison que je n’ai jamais comprise, Andes et Condor étaient associés dans ma tête au Chili et non au Pérou. Un moment magique. Du bonheur à l’état brut.

Bien sûr je photographie frénétiquement (35 prises au moins). Mais les plus belles images sont dans ma tête, gravées à jamais.

Finalement au bord du lac, le paysage est paisible, si apaisé à côté des turbulents volcans environnants.

Le soir, nous nous arrêtons à la « cascade de Pétrohué » qui n’a de cascade que le nom. Ce sont davantage un ensemble de rapides et chutes d’eau entremêlés, au pied de l’Osorno. Le contraste entre l’eau d’un bleu incroyable, le vert dense de la végétation et la blancheur du volcan offre un tableau extrêmement picturale.

la couleur de l’eau est vraiment improbable !

Le lendemain, nous continuons notre tour du volcan, mais de l’autre côté. 8h de randonnées, pas un autre humain de croiser.

Juste le bonheur de la montagne-volcan. D’ailleurs, le paysage semble encore plus lunaire que la veille.

Finalement, le soir, nous décidons quand même de monter à la station de ski installée sur le volcan. Nous découvrons un paysage de cratère et coulée de lave sans plus aucune végétation, peut-être encore plus spectaculaire que ce que nous avions déjà vu auparavant.

L’Osorno a la particularité de n’avoir jamais eu d’éruption à son sommet, et c’est pour cela que son cône est si parfait.

En bas, au bord du lac, la végétation fait franchement penser à une forêt tropicale et pourtant, je vous assure que le climat n’a rien de tropical (même si vraiment, on n’a pas eu à se plaindre).